Editeur Liber, Collection Raison d'Agir, juin 2011, 8 €

Francois Chesnais est professeur associé à l’Université Paris 13. Économiste et militant, spécialiste de la globalisation financière et de ses effets, il est notamment l’auteur de « La Mondialisation du capital » paru chez Syros en 1994.

A l’occasion de la sortie de son livre « Les dettes illégitimes quand les banques font main basse sur les politiques publiques » qui est notre coup de cœur de la semaine, l’auteur François Chesnais participera à une série de rencontres (assemblées, conférences-débat, échanges et formations) les jeudi 29 et vendredi 30 septembre prochain. Certaines de ces rencontres sont co-organisées par les Régionales FGTB de Mons, Charleroi & La Louvière (programme: http://www.cepag.be/sites/default/files/activites-regionales/dettes_ille...).

De nombreux pays européens comme la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, l'Italie, voire la France, auraient, nous dit-on, vécu « au-dessus de leurs moyens ». Parmi les raisons avancés, le fait que ces pays ne taxent pas la fortune et le capital et qu’ils ne luttent pas contre l’évasion fiscale vers les paradis fiscaux. Dès lors, les gouvernements de ces pays se sont effectivement lourdement endettés auprès des fonds de placement étrangers, mais aussi des banques européennes. Celles-ci ont des bilans fragiles car elles ont créé trop de crédit par rapport à leurs dépôts et fonds propres et, comme on sait, eElles ont été sauvées à l’automne 2008 par les gouvernements. Mais cela ne leur a pas suffi et elles exigent de l’être une seconde fois.

Or, les politiques de rigueur budgétaire et de réduction salariale exigées par l’Union européenne, la BCE et le FMI sont socialement injustes et elles enfoncent l’Europe dans la récession. Se pose ainsi la question de l’annulation des dettes publiques et, dans la foulée, celle de la socialisation des banques, BCE incluse. Certains plaident pour le rééchelonnement des dettes. Dans ce livre, c’est leur dénonciation qui est défendue.

L'ouvrage de François Chesnais revient sur la genèse de la libéralisation financière au début des années 80, à laquelle ont participé aussi bien les gouvernements de droite que de gauche. Il explique comment, à cette époque, on a commencé à remplacer la création monétaire, facteur d'inflation, par de la dette publique dans le but de favoriser les milieux économiques et financiers sans pénaliser l'action publique, comment cette dette, au fil des ans, a grossi partout dans le monde, comment elle s'est parallèlement accompagnée d'importants programmes de réduction d'impôts en faveur des classes aisées qui en ont accentué les effets procycliques (accroissement des inégalités sociales, du chômage, délocalisations...) et comment on en est arrivé au final à la situation actuelle d'une crise mondiale des dettes souveraines.

Les explications sur l'Europe sont particulièrement éclairantes. On y apprend que la machine infernale continue de marcher à plein régime, car la BCE a interdiction de par ses statuts de financer les Etats. Alors, elle prête aux banques à des taux dérisoires (1 %) qui elles mêmes prêtent aux états à des taux substantiels (5-6 % pour la Grèce). Et voilà autant de fonds qui n'iront pas irriguer l'économie réelle (les PME se plaignent de ne plus trouver de financements bancaires), mais continueront à alimenter la spéculation sur les dettes, tandis que le contribuable européen se verra soumis à des plans de rigueur de plus en plus drastiques.

Un ouvrage ultra-intéressant à lire avant ou après la rencontre avec l'auteur.

Les anciens Coups de coeur