Partout en Europe, les hauts-fourneaux cessent de fumer. Les ouvriers dégustent, les actionnaires se régalent. Alors Richard, lui aussi, délocalise, diversifie. D'artiste un peu raté, il donne dans le kidnapping. Et voilà Lakshmi Mittal, le richissime géant de l'acier, embarqué en camionnette pour le plus étrange des happenings politico-abstraits...
Tel est le sujet du dernier roman de Nicolas Ancion, un auteur belge né en 1971. Depuis une dizaine d'années, Il réinvente le monde à travers des histoires loufoques : huit romans, des tas de nouvelles et de poésies, des feuilletons pour le Web, le théâtre ou la radio et bien d'autres choses encore. Ses textes ont été couronnés par une dizaine de prix littéraires, dont le prix des Lycéens pour « Quatrième étage » et le prix Franz de Wever de l'Académie royale de langue et littérature belges pour le recueil de nouvelles « Nous sommes tous des playmobiles ». Quant à « L'homme qui valait 35 milliards », il a reçu le Prix Rossel des jeunes.
"L'homme qui valait 35 milliards", c'est à priori un roman aux sujets assez graves puisqu'on y parle de la crise financière qui se répercute sur les emplois, des petits piétinés par les grands, du problème de la drogue et de tout ce qui fait que la vie semble assez moche et très difficile à vivre aujourd'hui. Cependant, Nicolas Ancion n'est pas romancier à donner des leçons de morale car ce qui est omniprésent dans son ouvrage, c'est l'humour, ce qui n'exclut pas la tendresse et une certaine acuité dans le regard porté sur les choses et les gens.
Il faut aussi souligner que nommer Lakshmi Mittal, la quatrième fortune du monde, et le plonger dans ces péripéties, cela ne manque pas d'un certain aplomb. On se demande si ce dernier a lu le livre, mais vraisemblablement
il n'a sûrement pas de temps à consacrer à la lecture s'il veut gagnait des milliards...
Cette histoire d'un jeune artiste liégeois qui kidnappe le magnat de l'acier est un roman très réussi dans la forme et dans le contenu, un roman très drôle que beaucoup devraient lire, notamment les anti-capitalistes et les métallurgistes liégeois, mais aussi les amateurs d'humour, d'histoires décalées, de métaphores pour le moins inédites et de portraits hauts en couleurs.
L'homme qui valait 35 milliards de Nicolas Ancion
Lieu:
Collection Pocket, 285 pages, octobre 2011, 6,10 €