8h48. Maman m’appelle :
- « Tu as entendu ce qu’il se passe à Zaventem ? »
- « Ben non, j’étais dans le métro »
- « Il y a eu deux explosions… A la télé, on dit que c’est sans doute des attentats »
- « Pas de panique, maman… Tu sais comment sont les journalistes. Attendons de voir ce qui s’est réellement passé. »
Me voulant rassurante, je raccroche en répétant à ma mère qu’il ne sert à rien de paniquer. Mais, l’année passée, il y a eu Charlie… Et puis, le Bataclan. Ah oui, j’oubliais : la Turquie, la Tunisie, le Burkina Faso. J’en oublie encore, c’est sûr !
Et si c’était lié à l’arrestation d’Abdeslam ?
J’allume mon PC et me connecte directement à la toile… Les infos affluent, les images arrivent. Ca a l’air sérieux… Coup de fil à mon compagnon :
- « C’est moi ! T’as vu ce qui se passe ? «
- « Ouais, j’ai même entendu les explosions ici dans le zoning de Zaventem… J’ai cru que c’était un camion qui avait eu un accident. Ca devait arriver… »
- « Heureusement que ça ne s’est pas passé dans le métro ! »
- « T’as raison. On se rappelle. Bisous ! »
Besoin d’un café. Dans le couloir, je croise l’une des dames qui nettoient nos bureaux :
- « C’est vrai qu’il y a eu quelque chose à Zaventem ? »
- « Oui, je viens de l’apprendre et d’après les infos, ce serait un attentat. »
- « Comme en Turquie et en France alors ? C’est terrible… »
Retour dans mon bureau. Difficile de ne pas rester scotchée devant les sites d’infos mais le temps passe, faut se mettre au boulot. Allez, un dernier coup d’œil aux nouvelles…
9h15. Une explosion a retenti dans le métro. On parle de la station Maelbeek mais aussi Schuman. Mon chemin quotidien pour aller au boulot.
Les mots manquent mais besoin d’en parler, de partager son désarroi, de manifester son effroi. Heureusement, les collègues sont là. Mais, vite, appeler ses proches. Prendre et donner des nouvelles.
Les minutes s’égrènent. L’horreur se précise. Nous avons été touchés. Au cœur de notre capitale, en pleine heure de pointe. Des gens qui voyagent. Des hommes et des femmes qui vont travailler. Des étudiants qui se rendent aux cours. Et les autres : celles et ceux qui avaient choisi de faire ce que bon leur semble parce qu’après tout, on est libre de faire ce qu’on veut.
Sous le choc. Les infos, vraies et fausses, arrivent de toute part. On se pose plein de questions. On écoute. On engrange les informations. On continue de répondre aux proches. On s’assure que son enfant est en sécurité à l’école. La journée passe. Tiens, il fait beau et doux. Ca sent le printemps aujourd’hui.
Alerte 4. Faut s’organiser pour rentrer à la maison. Et penser à digérer tout ça…
48 heures plus tard. On est groggy… Mais il faut se relever, continuer à avancer et prendre des décisions. Au CEPAG, on a préféré reporter notre soirée-débat sur l’évasion fiscale. Mais on maintiendra notre séminaire d’actu sur l’immigration, l’occasion de sensibiliser et d’en parler.
Pas question de nous laisser abattre. C’est maintenant que nous devons revêtir pleinement notre rôle. En tant que mouvement d’éducation populaire, en tant que progressistes, nous devons utiliser nos armes : celles de la solidarité et de la liberté (de penser, d’agir, de débattre). Des armes que nous opposerons continuellement à la haine, à l’intolérance et à l’obscurantisme.
Toutes nos pensées vont aux victimes des attentats du 22 mars 2016 et à leurs proches.