Arrestations dans les transports publics, rafles au parc Maximilien, volonté de réduire l’aide médicale d’urgence, projet de loi sur les visites domiciliaires… Ces dernières semaines, le gouvernement fédéral multiplie les décisions idéologiques à l’encontre des migrants plutôt que d’organiser un accueil digne pour ces hommes, ces femmes et ces enfants en transit…
Au nom d’une politique migratoire « ferme mais humaine » (cherchez l’erreur…), les partis au pouvoir, NV-A en tête, ne cesse de jouer avec les peurs. De « l’appel d’air » à la « nouvelle jungle de Calais », tout est fait pour stigmatiser les migrants, pour les criminaliser, pour en faire des « eux contre nous »… Et, comme si cela ne suffisait pas, le monde associatif et les centaines des citoyennes et citoyens qui viennent en aide aux migrants sont désormais montré du doigt. Ces hommes et ces femmes sont, pour les représentants du gouvernement, dans l’erreur, manipulés par les sales gauchistes qui veulent détruire tous nos acquis au nom du cosmopolitisme !
« Ne vous laissez pas embobiner, braves citoyens, si vous protégez celles et ceux qui fuient la guerre et leur terre, il vous arrivera malheur… Vous perdrez tout. Ils vous prendront tout ! »
La désignation du migrant comme celui qui va déréguler notre système de redistribution des richesses à travers la sécurité sociale, est le cœur même de l’idéologie portée par le gouvernement fédéral, insufflé par les nationalistes de la NV-A. Au travers de la systématisation de la peur de l’autre, la finalité-même de ce gouvernement est masquée : canaliser la plus-value, source d’enrichissement, vers les plus riches et affaiblir l’Etat comme redistributeur des moyens financiers produits en vue du développement des biens communs.
La carte blanche (parue la semaine dernière dans De Morgen) de Bart de Wever, président de la NV-A illustre, démontre la dimension retorse de l’idéologie poujadiste qui perverti la valeur clé de la solidarité que représente la sécurité sociale, en faisant de sa sauvegarde, la clé d’une argumentation raciste, porteuse des replis identitaires racine des pouvoirs totalitaires.
Les faits et les chiffres dévoilent la supercherie du raisonnement du parti nationaliste flamand qui nourrit l’actuel Gouvernement de son idéologie prétendant que les migrants vont détruire la sécurité sociale et nous pousser vers le modèle américain de société duale où seuls les riches trouvent encore de la place. La politique de fermeture des frontières masque une réalité bien sombre : la stigmatisation de l’étranger est le paravent de l’enrichissement des possédants :
- Les réductions de cotisations sociales et autres cadeaux fiscaux grèvent chaque année de 13 milliards les finances de la sécurité sociale. Et, simultanément les dividendes distribués aux actionnaires augmentent de 13 milliards…
- Les failles réglementaires européennes et nationales engendrent du dumping social qui coute, chaque année, des milliards à la sécurité sociale. La perte a été évaluée à 2.3 milliards par an en 2012.
Le mouvement social pour une politique migratoire juste propose une vision d’espoir : la reconnaissance de l’autre est le vecteur de la croissance de la solidarité à l’inverses du déni de reconnaissance source d’appauvrissement et d’enferment sur soi.
- Aujourd'hui en Belgique vivent et travaillent près de 150.000 sans-papiers. S’ils étaient régularisés! La sécurité sociale verrait ses rentrées mensuelles augmenter de plus de 65 000 euros. De quoi construire un nouvel avenir pour les pensions.
- La Commission européenne a rappelé que l’Europe a besoin de 15 millions de travailleurs et travailleuses migrants d’ici 2050 pour compenser la baisse de la démographie et préserver son modèle économique et social. L’Allemagne l’a compris en accordant en 2016 la protection à 445 000 migrants.
- Récemment, l’OCDE a calculé qu’un immigré rapporte en moyenne 3 500 € de rentrées fiscales annuelles et entraîne un impact budgétaire positif de 0.5 % du PIB dans le pays d’accueil.
L’ouverture est au cœur même du développement du système de la sécurité sociale, contrairement au repli sur soi nationaliste. Accompagnée de mécanismes efficaces de protection des travailleuses et travailleurs et d’organes de contrôle opérationnels, dans le cadre des conventions internationales de l’Organisation Internationale du Travail et des directives européennes, la libre circulation des personnes sera facteur de bien être pour l’ensemble de la planète.