Le livre explore le monde du travail qui se dessine. Ancré dans une démarche d’éducation populaire, il affirme la pleine légitimité des salariés à dire ce qui se joue dans le travail et la dimension éminemment politique de cette connaissance pratique. Au fil des chapitres, la parole des salariés dessine une critique du travail et de son devenir. L’ouvrage se compose de trois grandes parties.

Dans la première, intitulée « Dirigés à distance, contrôlés en permanence », une critique populaire de l’organisation du travail et du management s’élabore. Elle donne à penser les techniques de domination qui tentent de mobiliser la force de travail et permet de comprendre les transformations contemporaines de la condition salariale (un travail exercé dans des entreprises aux frontières de plus en plus floues, la numérisation et ses conséquences, le capitalisme de plateforme, les offensives managériales, les formes violence au travail, …).

La seconde, dénommée « Essentielles et méprisées », explore l’enseignement, les soins de santé, l’insertion socio-professionnelle, l’aide sociale, la culture, etc. Les récits des salariées nous font découvrir comment elles sont aux prises avec des institutions publiques restructurées par le néolibéralisme. Les travailleuses interrogent les finalités du travail et tentent souvent clandestinement de peser sur elles afin de pouvoir continuer à servir le public ou à accompagner plutôt qu’à contrôler. Une critique populaire des politiques publiques et de la gouvernance néolibérale se constitue. Elle s’accompagne de tentatives de transgressions et de mises en œuvre de pratiques autonomes.

« Résister en milieu hostile » constitue la troisième partie. Les formes de syndicalisme sont décrites et interrogées. Comment les syndicalistes font-ils face à une violence importante qui vise à les empêcher de pratiquer la défense et la représentation collective ? Comment tentent-ils de résister à la dégradation des conditions de travail ? L’hostilité à laquelle fait face l’action collective est détaillée. Des tentatives de recomposition sont aussi décrites. Véritable plongée dans des laboratoires de l’action collective, on découvrira comment le syndicalisme continue à se construire et se renouveler sur le terrain des rapports sociaux de travail.

Les questions « Que produit-on ? » et « Qui en décide ? » sont au cœur des conclusions. Elles définissent les enjeux politiques du travail à l’heure des crises sociales et écologiques. Elles invitent à explorer trois scénarios (néolibéral, social-démocrate, social et écologique) et évaluent les rapports de forces qui permettraient ou empêcheraient leur mise en œuvre.

"Critique populaire de l’exploitation. Ce que devient le travail." de Nicolas Latteur aux Éditions Le Bord de l’eau. Disponible en librairie dès le 20 octobre 2023

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