De manière croissante, les ressources naturelles telles que l’eau, les semences, l’énergie, la biodiversité, pourtant essentielles à la survie de l’être humain, sont privatisées.

Le profit à court terme risque donc de prendre le pas sur l’accessibilité de tous, riches ou pauvres, à des ressources naturelles de qualité et leur préservation pour les générations futures (à peu de choses près)…

Il apparaît ainsi, pour les syndicats, que la crise sociale et environnementale actuelle relève des mêmes causes, à savoir les excès d’un système économique capitaliste libéralisé à outrance.

La Cellule RISE du CEPAG a entrepris depuis 2013 une réflexion sur le thème des « biens communs » afin de se pencher sur les mouvements alternatifs émergents.

Les biens communs s’opposent aux biens privés et aux biens publics. Ils peuvent être des ressources matérielles (ressources naturelles) ou immatérielles (comme la sécurité sociale). Leur spécificité réside dans leur mode de gestion collective.

Un petite village d’Andalousie met depuis trente ans cette théorie en pratique et résiste encore et toujours, c’est Marinaleda !

Il nous a semblé incontournable d’aller voir sur place ce qui s’y passait afin d’en tirer des enseignements éventuellement transposables en Wallonie.

Deux aspects ont retenu notre attention : le modèle coopératif sur base duquel sont organisées la production et la transformation agricole et la manière dont le développement durable est pris en considération.

Un projet basé sur la nécessité…

Lorsque nous arrivons à Marinaleda, il nous apparaît que le Maire Juan Manuel Sánchez Gordillo, certes fatigué, reste le garant de l’idéologie à la base du projet municipal depuis 30 ans. Il est convaincu de la mainmise des  puissants sur les médias, la santé ou l’alimentation des masses.

Selon lui, l’alimentation et le logement, les deux piliers de sont action,  doivent être accessibles à tous et ne pas dépendre des lois du marché. Le partage de l’emploi est un critère prioritaire pour l’ensemble des projets de développement économique locaux.

C’est ainsi que l’accaparement des terres agricoles et l’auto-construction de logements à bas prix pour les moins nantis sont les deux bases du combat mené ici avec succès contre la pauvreté.

La nécessité est la force qui a donné sa force au mouvement de résistances et assure aujourd’hui le maintien de la mobilisation des habitants.

Au fil du temps,  le projet de Marinaleda tel qu’il s’est développé reste pourtant en tension, entre le légal et l’illégal, entre l’autonomie et la dépendance aux subventions et aux services publics, entre la gestion publique et la soumission au marché pour la commercialisation des produits fabriqués par ses coopératives.

Ces contradictions attestent néanmoins de son ancrage profond de ce projet dans la réalité. Chaque personne rencontrée ici est riche de son histoire personnelle.

Si la protection de l’environnement est encore considérée comme un problème de nantis, il est pris en compte de manière pragmatique en termes d’émancipation par rapport aux intrants chimiques et d’économie des ressources.

Bref, la critique est facile mais les enseignements de l’expérience de Marinaleda sont bien plus intéressants à tirer ! Une émission Regards sera prochainement réalisée afin de faire toute la lumière sur ce village si particulier…

Découvrez le bulletin de liaison du CEPAG sur Marinaleda : ici