L'Union européenne et ses Etats membres se sont fixé des objectifs relativement ambitieux en matière de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre : 20 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2020 par rapport à 1990, 30 % à l'horizon 2030 et de 80 à 95 % en 2050.

Ces objectifs correspondent-ils à de réels efforts ?

Cette question mérite d'être posée car, dans une économie interconnectée au niveau mondial, il est difficile de mesurer réellement l'empreinte carbone correspondant à un territoire géographique tant le cycle de vie des produits est complexe.
Une voiture construite aux Etats-Unis peut être conduite en Argentine et contenir des composants électroniques fabriqués en Chine.
Par conséquent, la mesure des émissions nationales de gaz à effet de serre ne reflète pas les émissions réelles liées à la consommation finale de ce pays.

En réalité, la réduction observée des émissions peut simplement correspondre à une délocalisation de la production par rapport à la consommation.

Dans le cadre d'un projet néerlandais dénommé CREEA, des chercheurs ont mis au point un système de comptabilité environnementale permettant de mettre en évidence les interrelations entre les activités de production et de consommation par pays et leur impact environnemental au niveau mondial (Source : The Global Resource Footprint of Nations. Carbon, water, land and materials embodied in trade and final consumption. Arnold Tukker, Tatyana Bulavskaya, Stefan Giljum, Arjan de Koning, Stephan Lutter, Moana Simas, Konstantin Stadler, Richard Wood, CREEA, 2014.

Il s'est agi de déterminer comment l'impact environnemental se désagrège entre les pays de consommation et de production.
Le modèle développé prend en compte quatre dimensions : l'empreinte carbone, l'empreinte eau, l'empreinte sol et l'empreinte matières premières.

Les émissions de l'Union européenne dépassent de 25 % les chiffres publiés si on tient compte de la consommation...

En ce qui concerne l'empreinte carbone, il ressort de cette étude que, pour l'Europe et les Etats-Unis, les émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation sont largement supérieures aux émissions sur leur territoire. Pour l'Europe, la différence s'élève à plus de 25 %. Pour la Chine et la région Asie-Pacifique, la situation est inverse.

C'est ainsi que les chercheurs ont calculé que la Belgique se situait au 12e rang mondial en termes d'empreinte carbone par habitant, après les Pays-Bas et le Royaume-Uni et devant l'Allemagne. Le trio de tête est constitué sans surprise par le Luxembourg, les Etats-Unis et le Canada.

Et pour la Belgique...

En 2007, la moyenne mondiale était d'un peu moins de 5,72 tonnes équivalent-CO2 par habitant, contre 16,46 tonnes équivalent-CO2 par habitant pour la Belgique. Par rapport à ce chiffre, les émissions importées belges s'élèvent à 2,25 tonnes équivalent-CO2 par habitant. Notre pays contribue donc réellement à 0,46 % de l'empreinte carbone mondiale.

Principaux flux d'importations et d'exportations des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial (en 2007)

On peut conclure de cette analyse que la totalité des émissions de gaz à effet de serre liées à l'activité économique devrait donc être prise en considération, de sorte à ce que les fermetures d'entreprise n'apparaissent pas comme un progrès pour le climat. Mais également afin de faire en sorte que l'adoption de processus industriels plus efficaces sur le plan énergétiques apparaissent partout dans le monde comme un avantage compétitif au regard des enjeux climatiques.

Source du graphique : The Global Resource Footprint of Nations. Carbon, water, land and materials embodied in trade and final consumption (pp. 14, 15)