La COP 21: un an déjà et un bilan mitigé…
Pour rappel, lors de la COP21 de décembre 2015 à Paris, 195 pays s’étaient engagé à maintenir l’augmentation de la température mondiale à maximum 2°C, voire 1,5°C par rapport à la période préindustrielle.
Atteindre cet objectif nécessite de réduire les émissions de gaz à effet de 90% d’ici à 2050.
Il ne s’agit donc pas de faire des économies d’énergie ici ou là, d’implanter quelques éoliennes mais d'instaurer un véritable changement de modèle de société, sachant que toute la croissance économique depuis la révolution industrielle est basée sur l’exploitation des énergies fossiles.
A Paris, la principale revendication des syndicats était de faire figurer le concept de transition juste, basée sur des investissements dans des technologies bas carbone créatrices d’emplois de qualité, dans le texte de l'accord, mais aussi: la diversification économique, le maintien de la protection sociale et la participation démocratique.
Car la transition vers une économie bas carbone peut être envisagée de différentes manières : celle défendue par les syndicats ou celle correspondant au modèle néolibéral, se basant sur le dumping social ou la privatisation des ressources naturelles comme l’eau ou l’air.
La volonté des syndicats a été partiellement entendue puisque la transition juste a été reprise dans le préambule du texte de l’accord. Un regret : le préambule n'a pas un caractère juridiquement contraignant.
COP 22, de nouvelles avancées pour la transition juste
La COP22, qui s’est tenue du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech, devait s’attacher à organiser la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
Les syndicats ont porté trois revendications :
- Révision à la hausse des ambitions climatiques des parties (pays participants à la Conférence) et traduction au niveau de leurs politiques d’emploi,
- Consolidation des financements destinés aux pays en développement (100 milliards par an à partir de 2020 ont été promis pour leur permettre d’assurer leur développement dans le respect des enjeux climatiques)
- Opérationnalisation de la transition juste.
Si les décisions qui ont eu lieu sur le financement sont en demi-teinte, une avancée importante a pu être actée sur la question de la transition juste.En effet, un groupe d’experts va être formé pour se pencher sur la mise en œuvre de cette transition auquel participera la CSI (Confédération Syndicale Internationale). Les « Principes directeurs pour une transition juste vers des économies et des sociétés écologiquement durables pour tous » adoptés fin 2015 par l’OIT (Organisation Internationale du Travail) pourraient constituer, selon les syndicats, une base de travail.
Attention danger !
Un contexte international préoccupant…
En marge de la COP 22, le monde change... Aux Etats-Unis, l’élection de Donald Trump, qui a menacé lors de sa campagne de faire sortir son pays de l’Accord de Paris, ouvre une période d’incertitude. Contrepoids inattendu et positif : 360 multinationales ont signé une lettre publique exhortant le président élu à ne pas tourner le dos à l'accord, montrant que le monde économique voit pourtant dans cet Accord une source d’opportunités. Mais ses premiers actes en tans que Président sont loin d'être rassurants...
En Europe
L’Union européenne, qui se positionne depuis le début des négociations comme locomotive du processus climatique, a adopté son « Paquet hiver ». Ce dernier vise la mise en œuvre pratique du « paquet énergie climat 2030 » adopté en 2014 avec trois objectifs :
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % par rapport au niveau de 1990 ;
- Porter à 27 % à l’horizon 2030 la part des énergies renouvelables ;
- Améliorer l’efficacité énergétique d’au moins 27 %.
La compétitivité du secteur des énergies renouvelables, la création d’emplois, la protection des consommateurs les plus vulnérables figurent au rang des préoccupations prioritaires affirmées par la Commission.
Cependant, ce « Paquet hiver » apparaît pourtant bien frileux à différents points de vue.
Si les ambitions en matière d’efficacité énergétique sont passées entretemps à 30%, l’objectif de 27% d’énergie renouvelable à l’horizon 2030 n’est assorti d’aucune répartition par Etats membres qui soit contraignante.
Par ailleurs, un nouveau « mécanisme de capacité » sera mis en place afin de rémunérer les capacités de production d’électricité susceptible d’être mobilisées pour faire face aux pointes de demande. Cet outil est considéré par les associations environnementales comme une subvention déguisée aux énergies fossiles car il concerne potentiellement toutes les centrales au gaz et au charbon.
Il résulte vraisemblablement d’un compromis avec la Pologne où 105 000 personnes travaillent encore dans le secteur du charbon qui satisfait en outre à près de 52,4% de la consommation d’énergie primaire de ce pays.
Quant au marché du carbone, il reste avec un prix de 5€ la tonne de CO2 désespérément inefficace. Il faudrait atteindre un minimum de 30 € pour que la production d’électricité à partir de gaz commence à supplanter les centrales à charbon.
Cette situation est notamment due au fait que l’Union européenne n’a pas réformé son système d’attribution de quotas d’émission qui s’impose à près de 11 000 grosses installations industrielles représentant la moitié de ses émissions de CO2. On assiste ainsi à une allocation excessive de quotas qui non seulement plombent le prix du carbone mais constituent de facto une source de subventions indirectes pour les entreprises, notamment les producteurs d’électricité, sachant que l'intégralité du coût de mise en conformité avec le marché carbone européen a été financée par les consommateurs.
En Wallonie
Si les Wallons communiquent beaucoup… on attend qu'ils passent l’action !
La Belgique se distingue, comme toujours car elle est un des quatre pays qui n’atteindront pas leur objectif “effort sharing”, à savoir réduire de 15% les émissions de GES dans ses secteurs non ETS[1] pour 2020 par rapport à 2005.
Quant à la Wallonie, dans la foulée de la ratification de l’Accord de Paris, elle a organisé son propre Sommet pour le climat en octobre 2016.
Le jeudi 21 avril 2016, le Gouvernement wallon a adopté en seconde lecture le Plan Air-Climat-Energie (PACE) 2016-2022 ? Celui-ci contient 142 mesures (pas toutes nouvelles cependant) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres polluants atmosphériques, améliorer la qualité de l’air et s’adapter aux impacts des changements climatiques au niveau des secteurs agricole, résidentiel, industriel et des transports.
A peine adopté, ce plan est néanmoins obsolète pour répondre aux objectifs climatiques de la Wallonie à l’horizon 2030 et une nouvelle étude est en passe d’être lancée en vue du suivant… La transition juste des secteurs appelés à s’adapter à une production « bas carbone » devrait, cette fois, s’y retrouver.
Mais le plus dur reste à faire, sauter dans l’arène et opérationnaliser enfin la transition bas carbone !
[1] Le secteur non-ETS correspond au secteurs dont les émissions sont diffuses : logements, transport, agriculture, services.