« L’Europe est face à un défi sans précédent en termes d’investissements pour les 20 ans qui viennent. Nous aurons besoin de 180 milliards d’Euros d’investissement additionnel chaque année pour limiter l’augmentation de la température globale sous les 2°C. » Valdis Dombrovskis, Vice-Président de la Commission européenne, le 18 juillet 2017.
Où trouver cet argent ?
Comme le montre le tableau ci-dessous, en Europe, le manque de volontarisme et les contraintes budgétaires brident l’investissement public qui a chuté de 1 point depuis la crise de 2008-2010 en pourcentage du PNB.:
Courbe des investissements publics en Europe[1]
Pour compenser ce fossés entre les besoins et la réalité des financements publics, les Gouvernements se tournent vers le privé : émission d’obligations vertes/Green Bonds par les Etats, la Banque européenne d’Investissement (BEI) ou les entreprises, développement de fonds d’investissements durable pour les investisseurs institutionnels (fonds de pension, banques, compagnies d'assurance, fonds communs de placement…) ou les particuliers.
Comme le montre le graphique ci-dessous, si la BEI a émis sa première obligation verte en 2007 déjà, la part des obligations émises par l’ensemble des acteurs publics et institutionnels et surtout par les entreprises ont fortement augmenté ces dernières années.
Marché des obligations vertes (en millions US $)[2]
D’une manière générale, le marché des investissements socialement responsables est en croissance dans les pays industrialisés[3] :
Cependant, la réalité n’est pas si rose et de nombreux problèmes se posent :
- Il ne va pas de soi que durabilité rime forcément avec rentabilité. A court terme du moins, le respect de l’environnement se révèle plutôt moins rentable que les produits traditionnels et ne les remplace pas.
- Les investisseurs quels qu’ils soient recherchent les produits moins risqués et qui garantissent un retour financiers rapide. Ils sont très peu sensibles aux critères non-financiers environnementaux ou éthiques.
- La transparence et la labellisation des produits verts reste un problème. Sachant que le marché fonctionne en grande partie sur base volontaire, on peut s’attendre à une grande part de greenwashing pour ce qui est des produits d’investissements privés tout au moins.
- Les financements privés ne doivent pas se substituer aux financements publics sous peine de réduire l’effort global à zéro.
Il apparaît donc indispensable d’encadrer le développement des produits financiers par des mécanismes de labellisation et de contrôle, une interdiction de mettre sur le marché un certain nombre de produits liés aux énergies fossiles et en particulier au charbon ou au gaz de schiste comme c’est le cas déjà notamment pour les mines anti-personnel.
D’autres mesures devraient également être prises comme le développement d’incitants par les pouvoirs publics pour favoriser les investissements des particuliers dans des produits durables.
L’émission d’obligations vertes par les Etats devrait pouvoir être exclue des règles de Maastricht relatives aux déficits publics.
Pour conclure sur une perspective positive, rappelons la proposition de pacte européen afin d’affecter 1 000 milliards d’euros par la BCE (Banque centrale européenne) au financement de la transition énergétique via la création monétaire, comme elle l’a fait pour sauver les banques : https://climat-2020.eu/. Cet appel a déjà été signé par des dizaines de personnalités scientifiques, politiques, culturelles, y compris du monde syndical.
En effet, depuis avril 2015, la BCE a mis à disposition des banques commerciales 2500 milliards d’Euros dont une petite parie seulement à servi à financer l’économie réelle. Pourquoi ne pourrait-on pas faire de même pour sauver le climat ?
Citons également les campagnes Fossilfree (https://gofossilfree.org) et www.350.be qui promeuvent le désinvestissement dans les énergies fossiles.