En Italie, un centre d’éducation et de formation professionnelle (EFP) actif au niveau post-secondaire (obligation scolaire jusque 16 ans) et dans le champ de la formation professionnelle continue travaillera de concert avec des entreprises régionales et l’Autorité régionale compétente en EFP pour mettre en œuvre le RFC (réseau de formation collaborative). Ce RFC pilote sera ancré dans la colonne vertébrale économique et industrielle régionale en vue de favoriser l’embauche à l’issue de l’expérimentation.

CENTOFORM vise les apprenants qui suivent les formation EFP de niveau post-secondaire (nommément ITS et IFTS) dans le domaine mécanique. La région du pilote, Emilie Romagne, au nord du pays, est caractérisée par une dorsale d’industries mécaniques (packaging, machinerie, sidérurgie, ingénierie mécanique), majoritairement pourvoyeuses d’emplois.

En accord avec les entreprises locales et l’Autorité régionale, CENTOFORM s’attellera à monter un premier réseau pilote (RFC I) comprenant trois formations, dans des domaines offrant un haut potentiel de réussite et de durabilité pour la phase test du projet dès septembre 2017, à savoir :

  • RCF I.1 - ITS  profil de formation : technicien automation - Packaging > 19 ans - EQF 5
  • RCF I.2 - IFTS profil de formation : concepteur mécanique > 19 ans - EQF 4
  • RFC I.3 - ESF  profil de formation mécanique  > 19 ans - EQF 5 - ou -  profil de formation gestionnaire énergie pour la production industrielle et l’économie circulaire > 19 ans - EQF 7

Par ailleurs, un second RCF (RCF II) en cours de discussion pourrait viser les apprenants de moins de 15 à 17 ans. L’Autorité régionale en EFP, séduite par l’innovation-même du principe de CoTraiN, a donné son accord pour expérimenter un RFC dans un cadre spécifique. En vue de tester le principe de formation collaborative, un deuxième centre de formation, géré par l’Autorité publique, va collaborer avec CENTOFORM. Le profil professionnel porte aussi sur la mécanique. La formation à la mécanique sera assurée avec CENTOFORM (IFTS) en vue de faciliter les interactions et la transition entre les différents niveaux d’éducation, tout en restant dans l’esprit de la formation par le travail.

A ce jour, la vision politique régionale est que ce pilote pourrait faciliter la fusion des niveaux secondaire et post-secondaire. Enrichie d’une pratique en entreprise, la formation post-secondaire (dans ses deux cycles) pourrait alors permettre aux étudiants d’être plus complètement formés, d’atteindre une connaissance plus large des cadres de travail… tout cela aidant à raccourcir la durée de la transition entre l’éducation et le travail.

Ainsi, le second RFC en Italie pourrait porter sur :

  • RFC II.1- cours EFP régionaux profil de formation: technicien de maintenance pour sites automatisés. 17 ans. EQF 3

La collaboration innovante entre entreprises, inhérente au projet CoTraiN et telle que suggérée par CENTOFORM, a été positivement accueillie par l’Autorité régionale EFP d’Emilie Romagne. Il en est de même dans le cadre du nouvel appel à candidatures du Fonds social européen où ce type de formation a une place importante dans les candidatures portant sur l’éducation à la gestion de méthode alternative mixant apprentissage et formation par le travail dans la chaîne de fournisseur et dans les micro-réseaux d’entreprises locales.

En Belgique, deux centres de formation participent au projet. L’un est issu du champ de l’éducation professionnelle (CEFA) et l’autre du champ de la formation professionnelle (IFAPME). Ces deux centres partagent des questions et des intérêts communs, mais aussi des différences liées à leur contexte institutionnel. Voici les métiers sur lesquels ils ont décidé de travailler et pourquoi :

  • Boulanger-pâtissier (IFAPME) – Le métier n’est pas attrayant pour les jeunes car il implique notamment de travailler tôt. Cette organisation du travail en Belgique pose des problèmes eu égard au respect de l’interdiction du travail de nuit pour les jeunes. Localement (MBC), il semble que nombre de gérants de petites boulangeries-pâtisseries sont âgés mais ne trouvent pas de repreneurs. Développer un CTN pourrait peut-être contribuer au maintien d’un dynamisme local.
  • Métallier soudeur (CEFA) – Très souvent, les jeunes en apprentissage dans une grande entreprise ne sont formés que sur un procédé de soudage particulier alors que le secteur en requiert plusieurs pour l’embauche. Le centre de formation peut pallier en donnant des formations sur les autres techniques (soudure au chalumeau, par ex.) ou via des formations en centres de compétences, mais faute de pratique suffisante (en durée) les jeunes ne les maitriseront pas suffisamment pour les exercer au niveau requis dans l’entreprise.
    • Auxiliaire administrative et d’accueil (CEFA) – Il apparaît que les apprentis sont souvent confinés aux tâches administratives et ne sont pas formés aux tâches propres à l’accueil, dont contacts clients, fournisseurs, usagers… par téléphone voire en direct. L’enjeu est aussi de varier les milieux d’apprentissage : de la grande administration au chauffagiste. Le CEFA a une convention avec la CP 323 (secteur immobilier) dans le cadre de laquelle il continue à signer des CAI (contrat d’apprentissage industriel, géré par les interlocuteurs sociaux sectoriels). Des collaborations sont envisagées entre agences immobilières et syndics, par exemple ; mais aussi de la grande administration au « petit indépendant ».
    • Restauration (IFAPME & CEFA) – Très souvent, la formation dans une même entreprise ne permet pas de couvrir toutes les compétences, les apprentis restant davantage soit en cuisine soit en salle. Et cela pour des raisons différentes liées :
    • au positionnement de l’entreprise. Chez un traiteur poissonnier, former à la profession requiert de couvrir d’autres activités que le poisson et les fruits de mer, par ex. Selon le type de restaurant, les jeunes ne peuvent pratiquer les différents types de services (à la française, à la russe, à l’anglaise), même si cela peut apparaître comme des activités secondaires, ou encore pratiquer le service pour de grands événements ou les grands déjeuners (hôtel…) ;
    • aux habitudes de l’entreprise concernant l’organisation du travail : pas de filles en cuisine, par exemple.
    • Menuisier (IFAPME) – Les apprentis sont majoritairement occupés dans des activités « placeur » de châssis voire « cuisiniste ».  Or les compétences/activités menuiserie couvrent aussi la création et la fabrication d’escalier, mortaise, tenon…

En outre, le tissu local d’entreprises est plus éclaté et le centre de formation n’organise pas toutes les années de la formation (qui en compte 3 au total). Le projet pourrait permettre à un jeune d’effectuer toute sa formation sur la région.

L’évolution des techniques et de l’organisation du travail amènent certains à s’interroger sur l’opportunité de former des menuisiers alors que les entreprises auraient davantage besoin de placeurs ou de cuisinistes.  D’autres s’interrogent sur l’étroitesse d’un tel horizon professionnel, tenant compte d’une part des évolutions professionnelles inéluctables qui se produiront durant la carrière professionnelle des jeunes mais aussi de la réapparition de besoins de compétences « menuisier » vu les enjeux « écolo-économiques » : maisons ossature bois, etc.

En Belgique, les centres de formation lanceront les pilotes en septembre 2017.

Les partenaires CoTraiN testeront les RFC italiens et belges sur deux groupes d’âge différents (en Belgique, principalement pour des apprentis de moins de 18 ans ; et en Italie, principalement pour des apprentis de plus de 18 ans) et dans différents secteurs économiques et types d’entreprises. Cette diversité devrait apporter une valeur ajoutée pour le suivi, l’évaluation et l’identification des résultats des RFC dans les pays. Cela permettra d’engranger une approche plus attrayante, complète et transférable pour les autres régions d’Europe.