Ces dernières années, particulièrement en 2015 et 2016, l’Union européenne a été confrontée à une augmentation importante du nombre de demandeurs et demandeuses d’asile. Cette situation a forcé les pays européens à se poser la question de l’intégration de ces personnes, sujet qui était jusque-là quelque peu délaissé. Comme l’ont montré diverses études, un des éléments permettant d’aboutir à une bonne intégration dans le pays d’accueil est de pouvoir trouver rapidement un emploi convenable.

De nombreuses initiatives ont vu le jour sur ce dernier point. Malheureusement, faute de coordination entre les multiples acteurs de l’accès au marché de l’emploi, les résultats étaient généralement insuffisants. Partant de ce constat, le projet Labour-Int, financé par la Commission européenne (Fonds Asile, Migration et Intégration), a été mis sur pied. Pour pallier au manque de coordination, ce projet est fondé sur une approche « multipartites » (multistakeholder). Cela signifie que l’ensemble des acteurs de l’intégration des migrant.e.s sur le marché du travail sont impliqués (syndicats, organismes publics, employeurs, chambres de commerce, associations, organisations internationales…).

L’objectif principal des porteurs du projet est de promouvoir des programmes visant à l’insertion des migrant.e.s, et plus particulièrement des demandeurs et demandeuses d’asile et des réfugié.e.s, sur le marché du travail du pays qui les accueille. L’action est notamment axée sur la promotion d’un parcours d’insertion socioprofessionnelle complet comprenant la reconnaissance des compétences et qualifications, le suivi de formations adaptées, la mise en relation entre employeurs et migrant.e.s ainsi que différentes mesures à prendre sur le lieu de travail. L’objectif est également de pouvoir dégager des solutions pouvant être transférées dans d’autres pays européens moyennant d’éventuelles adaptations au contexte local.

Ce projet a démarré en décembre 2016 et s’est terminé en décembre 2018. Il comprenait deux volets principaux :

  1. un aspect européen
  2. un aspect local par le biais de la mise en œuvre de trois actions-pilotes, respectivement en Allemagne, en Italie et en Belgique.

Partenaires du projet

Le projet est coordonné par la Confédération européenne des Syndicats (CES). Le CEPAG, de son côté, est à la fois partenaire du projet et chargé de la mise en œuvre de l’action-pilote belge. Notre rôle a donc été, à ce titre, indispensable.

Les organismes européens ou internationaux ayant participé au projet sont les suivants :

  • CEEP (centre européen des employeurs et entreprises fournissant des services publics)
  • Eurochambres
  • Diesis (organisme européen spécialisé en économie sociale)
  • FIERI (Forum International et européen de recherche sur l’immigration)
  • OIT (organisation internationale du travail)
  • UEAPME (Union européenne de l’Artisanat et des Petites et Moyennes entreprises)
  • BusinessEurope
  • OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe)

Pour l’action-pilote belge, outre le CEPAG, les partenaires principaux étaient les suivants :

  • FGTB Wallonne
  • Jeunes FGTB
  • ASBL Le Monde des Possibles
  • La Croix-Rouge (qui gère des centres d’accueil pour demandeurs d’asile)

Travail réalisé

Au niveau européen :

Sous la coordination de FIERI, un groupe d’expert.e.s s’est réuni à plusieurs reprises pour analyser différentes pratiques multipartites mises en place dans différents pays européens. Un rapport (en anglais) reprenant plusieurs recommandations a été rendu à la suite de ces réunions de travail.

Au niveau de l’action-pilote belge :

L’action-pilote, coordonnée par le CEPAG, a centré ses actions sur le public très spécifique des demandeurs et demandeuses d’asile. Par ailleurs, il a été décidé de travailler exclusivement sur la situation en région de langue française. L’objectif principal était de créer un module de formation novateur permettant de prendre en compte les particularités des demandeurs et demandeuses d’asile et d’augmenter leur taux d’insertion sur le marché du travail. Le projet comportait plusieurs aspects :

  • Examen de la situation légale et factuelle en 2017

Avant d’imaginer une méthode de travail novatrice, il était nécessaire d’examiner la réglementation applicable et d’identifier les obstacles auxquels sont confrontés les demandeurs et demandeuses d’asile dans leurs efforts d’intégration sur le marché du travail wallon. Ce travail d’analyse, au cours duquel tous les acteurs ont été rencontrés (Chambres de Commerce, FOREm, Croix-Rouge, associations, demandeurs et demandeuses d’asile…) a débouché sur la rédaction d’un rapport intitulé « L’intégration des demandeurs d’asile sur le marché du travail. Etat de la situation en 2017 ».

  • Construction d’un nouveau module de formation

Suite à l’analyse de la situation, il a été décidé de préparer les demandeurs et demandeuses d’asile à réussir les tests d’accès à des formations de promotion sociale en maçonnerie et en cuisine. Pour ce faire, une collaboration étroite a été mise en place avec la Croix-Rouge qui gère plusieurs centres d’accueil pour demandeurs et demandeuses d’asile en Wallonie et qui définit le programme de formation pouvant être suivi par ces derniers.

Un formateur a été engagé spécifiquement pour travailler à la construction du module de formation. Ce module s’est donné à trois reprises :

  • 24/01/18 -> 2/02/18 : au centre d’accueil de Ans (15 participant.e.s – 7 jours)
  • 18/04/18 -> 4/05/2018 : au centre d’accueil de Bierset (18 participant.e.s – 11 jours)
  • 11/06/2018 -> 15/06/2018 : à l’ASBL Le Monde des Possibles (21 participant.e.s - 5 jours)

 Le contenu du module de formation ainsi que les résultats obtenus sont disponibles dans le guide méthodologique et le guide d’animation.

 A l’occasion de ces modules de formation, deux vidéos ont été réalisées :

  • Un teaser
  • Une vidéo montrant des exercices réalisées par les apprenants pour travailler sur leur estime de soi et leur capacité à parler de leurs compétences : ….

Cartographie collaborative

Un autre objectif poursuivi était de créer une carte sur laquelle tant les employeurs que les demandeurs  et demandeuses d’asile pourraient indiquer des informations sur leurs attentes et leurs expériences respectives. Pour diverses raisons, ce travail n’a pas pu être finalisé complètement mais une ébauche de carte collaborative a tout de même été développée.

Organisation de deux séminaires

Afin d’accentuer l’aspect multipartite du projet, le CEPAG a organisé deux séminaires rassemblant les différents acteurs ainsi que toutes personnes intéressées. Ils se sont tenus à Beez (Namur):

  • Le 11 décembre 2017 à l’issue de l’analyse de la situation
  • Le 15 octobre 2018 pour clôturer l’action-pilote et envisager les perspectives d’avenir possibles

A l’occasion de l’organisation de ce dernier séminaire, une émission radio traitant du projet a été diffusée sur La Première (RTBF)

Perspectives

Le projet Labour-Int 1 s’est terminé fin 2018. Vu l’importance du sujet et les bons résultats obtenus, un projet Labour-Int 2 a d’ores et déjà été initié dès janvier 2019. Des actions-pilotes y sont prévues dans d’autres pays, à savoir en Autriche, en Grèce et à nouveau en Italie mais avec d’autres partenaires locaux.