Non, il ne s’agit pas ici de vous donner un mode d’emploi destiné à mieux fixer sa chaussette reconvertie en masque de protection anti-covid.

Juste une petite réflexion sur certaines mauvaises habitudes prises par l’actuel gouvernement fédéral.

Rappelons le cadre ubuesque dans laquelle nous nous trouvons : un gouvernement minoritaire (depuis le départ de la NV-A fin 2019) et de ce fait, démissionnaire et en affaires courantes (depuis les élections il y a un an), à qui on octroie des… pouvoirs spéciaux. Pas banal.

Et inquiétant dans la mesure où cet attelage bancal n’hésite pas à utiliser cette configuration particulière pour faire passer, sous couvert de lutte contre l’épidémie du Covid-19, des mesures qui ont eu le don de déclencher la colère du personnel soignant.

Deux arrêtés royaux ont en effet été publiés ce 4 mai, à l’initiative de la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block.[1]

Le premier prévoit que le personnel de santé pourrait, si nécessaire, être réquisitionné en cas de pénurie liée au Covid-19.  Quant au second, il prévoit la possibilité que du personnel non-infirmier puisse prodiguer certains soins… infirmiers.

La ministre a bien tenté d’éteindre l’incendie : « Le but est d'aider le personnel soignant en permettant de déléguer des actes simples à des personnes capables de les poser afin qu'il puisse se concentrer sur les actes pour lesquels son expertise est essentielle ».[2]

Mais on comprend que le personnel hospitalier se sente trahi. Ses membres, qui ont tout donné pour contenir la maladie, se voient ainsi déconsidérés. Pire, soupçonnés d’être des tire-au flanc potentiels qu’il faudra venir chercher par la blouse blanche. Les syndicats ont d’ailleurs vu rouge : « Selon le SETCa et la CGSP, "il est à la fois inutile et contre-productif d'augmenter les contraintes et le stress sur des travailleurs qui n'ont surtout pas besoin de cela en pleine crise. (…) Ils sont exténués, sous tension depuis si longtemps et désabusés par la gestion parfois hasardeuse de la crise" ».[3]

Et s’il y a bien une leçon à retenir de cette crise sanitaire, c’est qu’il convient de rester particulièrement vigilant face à certaines volontés de politiques qui y voient  l’occasion rêvée de développer un autoritarisme discret.