« Le durcissement de l’assurance chômage n’a aucun effet très clair sur la désincitation au travail » (Esther Duflo, Prix Nobel d’économie).
Tous les stéréotypes et mensonges « anti‑chômeurs » véhiculés par la droite ont servi de prétexte à la mise en place de politiques toujours plus répressives. Au nom de la « remise à l’emploi », on a diminué le montant des allocations, limité les allocations d’insertion dans le temps, restreint les conditions d’accès aux RCC (ex‑prépensions), supprimé les compléments sociaux, etc.
Pour quel résultat ? Nul. Zéro. Rien.
De nombreuses études indépendantes[1] se sont penchées sur les effets de ces mesures et leurs conclusions vont toutes dans le même sens : il n’y a aucun effet positif en termes de réinsertion dans l’emploi. Au contraire : l’exclusion et la précarisation éloignent de l’emploi
Quelques exemples :
- En 2012, on a accru la dégressivité des allocations de chômage : elles se sont mises à baisser plus vite et de manière plus importante qu’auparavant. Résultat ? Aucun effet sur la reprise d’emploi. Au contraire, les personnes qui la subissent ont statistiquement moins de probabilités de retrouver du travail que celles qui ne la subissent pas.
- Depuis 2015, on a exclu plus de 50.000 personnes du bénéfice des allocations d’insertion. On nous avait juré que, pressées par la nécessité et l’urgence, elles retrouveraient un emploi. Résultat ? Un taux d’insertion dans l’emploi ridiculement bas ! Par exemple, sur 20.000 personnes exclues en Wallonie en 2015, trois‑quarts d’entre elles n’ont pas retrouvé d’emploi.
Au final, 53% des personnes exclues sont sorties des radars : ni en demande d’emploi, ni à l’emploi ni en formation. Parmi ces personnes, 42% dépendent de la solidarité familiale, 39% d’allocations, 17% se considèrent sans ressource financière, 19% éprouvent des difficultés à se soigner et 14% à se nourrir.
Les études montrent aussi que les mesures d’exclusion touchent davantage et plus durement les personnes le plus fragiles et les régions les plus touchées par la pauvreté.
Reprenons l’exemple de la limitation dans le temps des allocations d’insertion :
- 2 tiers des exclus étaient des excluEs, dont la moitié avec charge de famille.
- 46% étaient faiblement qualifiées.
- Bruxelles et la Wallonie totalisaient 82% des exclusions.
Décidemment, la précarisation n’a pas le meilleur des bilans en termes de remise à l’emploi. D’un autre côté, la réinsertion par l’exclusion, on se doutait bien que ça n’allait pas marcher des masses…
[1] Réalisées par l’UCL, ONEM, l’IRES, l’ULB, le FOREM...
Quelques notions importantes : de quoi parle‑ton ?
Non, être au chômage, ce n’est pas être en vacances !
Non, les chômeurs ne sont pas des assistés !
Non, le chômage n’est pas trop généreux
Non, le chômage ne coûte pas trop cher
20 ans de démolition de l'assurance chômage en quelques courbes