Provocateur ?

Contradictoire ?

En réalité, pas tant que ça.

Il ne s’agit évidemment pas de défendre le chômage en tant que phénomène économique qui appauvrit et, le plus souvent, exclut. Mais bien de défendre l’assurance chômage, en tant que droit des travailleurs et travailleuses.

Une assurance chômage qui soit garantie, dont les conditions d’admissibilité soient assouplies et les allocations revalorisées.

Pour que l’assurance chômage puisse à nouveau remplir son double rôle de protection. Une protection individuelle, tout d’abord, qui permet à chaque travailleur et travailleuse de ne pas sombrer dans la pauvreté s’il perd son emploi ou a du mal à en trouver.

Mais aussi une protection collective du monde du travail, contre la flexibilisation de l’emploi, la baisse des salaires et la précarisation des conditions de travail.

Peut‑on réellement croire que c’est en envoyant tous les sans emploi au CPAS ou à la rue que l’on va faire augmenter les salaires ? On l’a vu, la part de cotisations sociales versées pour le payement des allocations de chômage complet est dérisoire. Même la suppression totale de l’assurance chômage ne ferait gagner que quelques euros sur le salaire net.

En revanche, l’absence de protection sociale en cas de perte d’emploi nous mènerait tout droit à une situation où le monde du travail n’aurait plus aucune force de négociation pour mieux répartir les richesses créées, augmenter les salaires, améliorer les conditions de travail…

« Si vous n’êtes pas d’accord, la porte est là… Et bonne chance, dehors ! Y en a des milliers qui sont prêts à prendre votre place », voilà ce que pourront répondre les employeurs face à toute demande des travailleurs et travailleuses.

Sans parler des conséquences sociales et sociétales de tels choix de société : explosion de la pauvreté et de l’exclusion, aggravation des inégalités sociales, délinquance et économies parallèles…

Certaines personnes rétorqueront que c’est de la politique‑fiction, du catastrophisme… Pourtant, il n’y a qu’à regarder l’évolution du nombre de bénéficiaires d’allocations d’insertion et de RCC pour se convaincre du contraire.

Après 10 ans d’attaques contre ces statuts, les statistiques ont dégringolé : ‑ 80% ! Si les personnes en prépension et les allocataires d’insertion étaient en moyenne 100.000 en 2014, ils ne sont plus qu’environ 20.000 aujourd’hui. Et la baisse continue. De véritables statuts en voie de disparition. En parallèle, on a assisté à une banalisation et une généralisation de l’emploi précaire, particulièrement chez les jeunes, qui ont été en première ligne des mesures de démantèlement de l’assurance chômage.

Limiter le chômage dans le temps aura le même effet, sur l’ensemble du monde du travail : il s’agit ni plus ni moins que de la fin programmée de l’assurance chômage. Et, avec elle, du retour au 19e siècle, où la protection sociale était inexistante et l’arbitraire patronal régnait en maître.

Défendre l’assurance chômage, c’est défendre l’emploi de qualité.

Cette évidence, trop souvent ignorée, doit être rappelée, martelée. Surtout à l’heure actuelle où certains responsables politiques veulent clairement en finir avec notre modèle social.

Quelques notions importantes : de quoi parle‑ton ?

Non, être au chômage, ce n’est pas être en vacances !

Non, les chômeurs ne sont pas des assistés !

Non, le chômage n’est pas trop généreux

Non, le chômage ne coûte pas trop cher

Non, les sanctions ne sont pas efficaces

20 ans de démolition de l'assurance chômage en quelques courbes