Date de publication:
01/12/2005
L’eau a ceci de paradoxal qu’elle est à la fois le bien le plus précieux et le bien le plus banal.
En effet, l’eau est à l’origine de toute vie et est indispensable à sa perpétuité : sans eau, un être humain ne peut survivre plus de deux ou trois jours !
Sous nos latitudes, quoi de plus naturel que d’ouvrir un robinet et de disposer d’eau à sa guise… pourtant, tout le monde sait à présent que l’eau n’est pas un bien inépuisable ; ceci est évident dans certaines contrées où l’eau est rare mais c’est également vrai chez nous : si l’eau y est disponible en grande quantité, le phénomène de rareté risque de concerner une eau de qualité propre à l’utilisation humaine.
Ce double constat place l’eau au coeur du débat démocratique puisque l’enjeu est bien celui de garantir un accès à une eau de qualité, en quantité suffisante à toute personne située sur le territoire. L’ensemble des coûts liés au cycle anthropique de l’eau, qu’il s’agisse des coûts de production, de distribution, de collecte et de traitement des eaux usées placent en même temps l’eau dans une logique de la production marchande susceptible d’aiguiser les appétits du secteur privé et financier : le cas de la France où l’ensemble du processus est concédé à deux grands groupes privés est éloquent de ce point de vue.
Le débat que cette brochure veut susciter traduit des objectifs fondamentaux de société : une garantie d’accès signifie que l’eau ne peut être l’objet d’une appropriation privée laquelle, par essence, exclut tout consommateur non solvable. Et le problème se pose avec d’autant plus d’acuité que les coûts réels d’exploitation connaissent une croissance importante.
Le contrôle public du secteur considéré selon tous ses segments est donc un objectif essentiel. Ce contrôle public est perpétuellement remis en cause, à commencer au niveau européen puisque la directive sur les services ne considérera pas la distribution d’eau comme un cas d’exception mais devrait être soumise aux règles du marché et de la concurrence.
En Région wallonne, l’essentiel du secteur est resté sous contrôle public. Le débat n’est toutefois pas clos. En effet, deux voies sont possibles : celle d’un financement par l’impôt et d’une mise à disposition de l’eau à l’ensemble de la population et celle de l’application du principe du pollueur- payeur.
Le choix opéré par la Région wallonne et par l’Europe est celui d’inscrire le secteur dans la seconde, une logique de coût-vérité et donc de faire supporter ces coûts par le consommateur. Ce choix permet sans aucun doute d’induire des comportements plus économes en termes d’utilisation de l’eau mais se rapproche d’une logique de marché en ce sens que les risques d’exclusion pour des catégories de personnes peu ou pas solvables sont bien présents. Dès lors, des mécanismes de régulation s’imposent d’un point de vue social.
On mesure bien que le secteur de l’eau est tout à fait emblématique de la problématique du développement durable puisqu’il pose les problèmes en termes économique, social et environnemental. C’est selon ces trois axes en interaction perpétuelle que cette étude veut s’appuyer en vue de fournir les éléments utiles à un débat pour une évolution du secteur de l’eau qui tienne compte d’objectifs égalitaires.