En 1954, l’économiste John Kenneth Galbraith se vit proposer d’écrire un livre sur la crise marchande la plus terrible du XXème siècle : le krach boursier de 1929. Intitulé La crise économique de 1929. Anatomie d’une catastrophe financière, le livre connut un important succès de librairie, les réimpressions se succédant les unes aux autres pendant plusieurs décennies. Non sans humour, Galbraith expliquait (en 1990) les raisons de ce succès jamais démenti : « Chaque fois que les ventes ont fléchi, elles ont été sauvées par une nouvelle crise, souvent nommée « correction technique », à la Bourse des valeurs ou autre enceinte où l’on spécule ».
Une manière de dire que la crise est un phénomène récurrent dans nos sociétés ; elle doit par conséquent pouvoir s’expliquer de façon structurelle. C’est ce que fit notamment Galbraith en publiant - trois ans après le krach boursier de 1987- un court essai intituléBrève histoire de l’euphorie financière. Dans cet ouvrage fortement teinté d’histoire, Galbraith faisait les constats suivants :
- Les crises spéculatives ne sont pas des phénomènes accidentels ;
- On ne peut jamais prévoir avec exactitude le moment de leur déclenchement ;
- Par contre, les facteurs initiant les crises ainsi que leurs conséquences sont, eux, tout à fait prévisibles…
L'auteur de cette étude commence par les analyses de Galbraith à propos des crises spéculatives, afin de voir si ces analyses s’appliquent également à la crise financière dessubprimede 2007 que Galbraith (mort un an plus tôt) n’a pu connaître.
Il s'attache ensuite au contexte particulier qui a vu naître la crise dessubprime, dont l’originalité et l’intensité s’expliquent - me semble-t-il - en raison d’une crise insuffisamment perçue, et qui ne cesse pourtant de s’intensifier : la crise de la démocratie.
Ensuite, il fait un petit détour par la philosophie des sciences pour explorer la « boîte noire » de l’économie, c’est-à-dire ces postulats et biais de départ (qui ne sont plus jamais rappelés aujourd’hui).
L'auteur sera alors en mesure d’aborder une dernière crise, de loin la plus fondamentale d’entre toutes, à savoir la crise de l’environnement. J’expliquerai en quoi les raisonnements économiques sont mal armés pour évaluer et comprendre cette crise, avant d’évoquer certains de ces enjeux et conséquences.
Sa conclusion sera simple : à défaut de trouver rapidement des solutions aux crises de la démocratie et de l’environnement, nous prenons le risque extrême de laisser à une élite mondiale – réseaux politiques internationaux, marchés financiers, multinationales… – ne possédant aucune sagesse ou mémoire historique la possibilité de faire sombrer le monde que nous connaissons dans un chaos aux conséquences imprévisibles.