Date de publication: 
26/02/2015
Auteur: 
Laurent D'Altoe
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62790

Entre les élections de juin 2010 et la sortie de la nouvelle Loi de Financement - pas de panique, on va vous expliquer de quoi il s’agit ! -, il n’y a pas eu un jour sans que les médias nous abreuvent de tel ou tel « transfert de compétences » ou autre « autonomie fiscale »… Sans compter le grand retour de personnalités religieuses, plus ou moins oubliées, telles que Saint-Quentin ou encore Sainte-Emilie…

Par un curieux raccourci médiatique et politique, peu ou pas d’explications compréhensibles furent données quant aux différentes étapes d’un processus de décentralisation qui fut institutionnellement enclenché il y a plus de 40 ans.

Il ne faut pas être grand constitutionnaliste pour comprendre qu’une sixième réforme en a nécessité cinq autres auparavant. Ces dernières ne furent pas ou peu explicitées. Or, derrière une complexité réelle, des enjeux relativement lisibles sont à l’œuvre. Les comprendre permet alors de ne plus considérer les grands changements institutionnels comme des évènements hors de la réalité mais bien comme des facteurs déterminants de notre quotidien. Allocations familiales, marché de l’emploi, soins de santé… concernent tout le monde.

Depuis, beaucoup d’eau a déjà coulé sous les ponts : les élections du 25 mai 2014 (à la fois régionales, fédérales et européennes) ont consacré le « fait régional » dans la constitution même des entités fédérées. Les gouvernements régionaux se sont en effet mis en place beaucoup plus vite que le fédéral et on ne peut que constater une asymétrie grandissante : centre-gauche pour Wallonie et Bruxelles et franchement à droite au Nord du pays (notamment avec la NVA et l’Open VLD).

Cette asymétrie (différence de composition entre les gouvernements régionaux et le fédéral) pourrait également bien jouer entre le fédéral et les entités fédérées, ce qui compliquerait singulièrement la tâche du transfert des compétences liées à la 6ème réforme de l’État.

Les modèles de structures régionales liées au glissement des allocations familiales et à une partie des soins de santé reflètent à la fois les difficultés de ces différences politiques, mais également les tensions intra-régionales qui ne manquent pas, à l’heure de faire des choix qui concernent aussi bien le quotidien des personnes que les modèles de société que l’on veut mettre en marche.