5 décembre 2017 : à la radio, l’invitée du jour est la journaliste Alessandra d’Angello qui vient de terminer une enquête consacrée aux femmes, de plus en plus nombreuses, qui en viennent à se prostituer pour des raisons alimentaires (c’est-à-dire pour nourrir leurs enfants, avoir un logement, effectuer une réparation de chaudière, etc.).
Le journaliste-radio qui réalise l’interview plante d’entrée le décor : s’il y a des pauvres qui doivent se prostituer pour survivre, c’est forcément la faute de la crise. Sous-entendu : la croissance économique ayant laissé place à la stagnation économique, on ne produit plus assez de richesses et la pauvreté grimpe. Voilà pourquoi des gens en viendraient à se prostituer pour survivre…
Cet adage de la crise économique, racine de tous les maux, est devenu une sorte de mantra religieux dans notre société. À de multiples reprises, dans d’innombrables débats, pour des raisons variées et sur des thèmes diversifiés, on invoque invariablement une origine économique aux problèmes en spécifiant que le mal est de nature quantitative : on ne produit pas assez de richesses pour que tout le monde puisse s’en sortir et vivre bien.
Ce plaidoyer s’inscrit en faux contre ce constat.
Certes, la pauvreté grimpe. Mais l’origine du problème n’est pas de nature quantitative. L’origine du problème est de nature qualitative : pour diverses raisons, nous ne nous soucions plus assez de la qualité de notre économie.
Ce plaidoyer a une double ambition : montrer - ou plus exactement rappeler - à quel point l’approche qualitative de l’économie est importante, pour ensuite s’interroger sur la manière d’améliorer la qualité de notre économie.