Date de publication: 
31/12/2021
Auteur: 
Bruno Poncelet
Nombre de signes: 
79293

Réunis à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre derniers pour une 26ème réunion de l’ONU visant à lutter contre le réchauffement climatique (la COP26), les chefs d’état présents ont de nouveau accouché d’une souris. Alors qu’ils devaient s’engager à prendre des décisions fermes pour respecter un accord de réduction des gaz à effet de serre signé il y a six ans à Paris, les quelques 200 pays réunis sont restés très en-deçà de l’objectif visant à limiter le réchauffement climatique à maximum +1,5 °C d’ici la fin du siècle.

Toutefois, alors que l’épidémie de Covid n’en finit pas de nous désespérer en jouant des prolongations interminables, l’échec de la COP26 ne semble ni inquiéter, ni révolter outre mesure la majorité silencieuse qui n’a qu’un rêve en tête : reprendre une « vie normale ». Si cette envie est certes légitime, elle est aussi - d’une certaine manière - dangereuse. Car les problèmes environnementaux qui s’invitent à la une des médias (ouragans et tornades de plus en plus puissantes, pluies diluviennes amenant des inondations catastrophiques, sécheresses et incendies massifs notamment en Australie et en Californie, etc.) ne vont pas disparaître comme par magie, juste en fermant les yeux. Or, en rêvant juste de reprendre une vie normale, on fait mine d’ignorer que les crises environnementales qui nous frappent (avec le réchauffement climatique ou l’épidémie de Coronavirus) sont en grande partie liées à la « vie normale » dans un système, le capitalisme, qui nous invite à consommer toujours plus de tout et de n’importe quoi, sans jamais nous soucier des conséquences pour autrui. C’est pourquoi les discours anti syndicaux fleurissent au moment même où les conditions de travail d’innombrables salariées se dégradent. De même, c’est dans l’indifférence générale que l’exploitation excessive des « ressources naturelles »  et autres « matières premières » va s’accélérant, détruisant chaque jour davantage la biodiversité dans l’indifférence générale.

S’il en est ainsi, ce n’est pas parce que nous sommes méchants ou indifférents au sort du monde, mais plutôt parce que nous avons reçu une éducation collective biaisée par des a priori culturels et identitaires qui nous illusionnent quant à notre place dans ce monde. Façonnée par les générations qui nous ont précédés au cours des siècles précédents, la culture moderne (qu’elle soit de gauche ou de droite) repose en effet sur un paradigme tout puissant : l’être humain serait une espèce à part, située loin au-dessus des autres grâce à son intelligence qui lui permettra toujours d’innover et d’imaginer des solutions afin de surmonter n’importe quel défi. Alors, pourquoi s’en faire ?