Date de publication: 
31/05/2021
Auteur: 
Orville Pletschette
Nombre de signes: 
41292

Réflexion autour des rapports entre syndicats et travail indépendant

Depuis longtemps, le travailleur « autonome », dit aussi atypique ou freelance, est assimilé à un travailleur indépendant. À tort quand il s’agit de « faux indépendants », pour lesquels les syndicats se positionnent pour la reconnaissance et la requalification du statut de ces travailleurs en tant que salariés, mais bien souvent, ces travailleurs ont une mentalité de « travailleur indépendant », due à une volonté d’autonomie dans l’exercice de leurs métiers. Ce n’est pas pour autant qu’ils refusent les formes de représentation et d’organisation collectives, comme les syndicats.

Il est utile et nécessaire de s’intéresser au processus qui a amené à catégoriser les travailleurs autonomes comme des « micro-entrepreneurs », plutôt que comme des travailleurs qui pratiquent leur métier tout en offrant leur force de travail à un donneur d’ordre. Cette réalité se caractérise par le fait qu’ils ne sont pas dans le régime du travail salarié.

Dans la conception du travail salarié, issu du rapport de force historique entre patrons et syndicats, le travail présuppose un lien de subordination à un employeur qui confie des tâches et des missions à exécuter. En échange de cette activité, le travailleur ou la travailleuse perçoit un salaire et a droit à des protections sociales. Depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours, le droit du travail s’est érigé grâce aux conquêtes sociales. Cependant, un vide juridique s’est créé autour des formes de travail non subordonnées comme celle du travail indépendant, autonome. La question est donc de chercher des réponses syndicales pour défendre ces travailleurs et travailleuses.

Cette contribution tentera de mettre en lumière les enjeux syndicaux que soulèvent la recrudescence des « nouvelles formes de travail », qui ne se limitent pas à l’économie de plateforme, mais bien à l’univers des freelances[1] et plus largement au travail indépendant ou autonome. D’ailleurs, nous le verrons, les expériences syndicales ou associatives autour de cette question ne datent pas d’hier et ont déjà une certaine expérience, voire une réalité syndicale effective.

[1] Le terme de freelance se définit le plus souvent comme suit : une personne qui exerce une activité professionnelle avec la qualité de travailleur indépendant, qui n'a pas forcément de contrat à long terme comme les salariés, mais réalise son activité professionnelle sous la forme de missions, qu'il facture ensuite à ses clients.