Date de publication: 
19/07/2021
Auteur: 
Bruno Poncelet
Nombre de signes: 
13372

Quand divorcerons-nous des multinationales ?

Ainsi, la Belgique est sous eaux.

Dans leur cave, des gens voient leur frigo flotter sur 1,5 mètre d’eau, leur chaudière ravagée par des flots de boue en provenance directe de la rue. De leur fenêtre, des gens regardent avec inquiétude leur voiture partir au gré des flots, jouer aux auto-tamponneuses les unes avec les autres dans un quartier transformé en terrain de water-polo.

Réveillées par le tonnerre et les éclairs, des rivières et des fleuves quittent leur lit pour se ruer sur les habitations, obligeant les autorités locales à faire évacuer des villes tandis que les habitantes et les habitants trouvent refuge aux étages supérieurs de leurs maisons. À condition que celle-ci tienne bon et ne s’effondre pas sous les lois combinées de la gravitation et du déluge.

Ici, une jeune demoiselle qui avait encore tout à vivre se fait happer par les flots en furie pour disparaître dans le néant. Il y a deux semaines, c’était un vieux monsieur en train de tailler ses arbres au bord d’une petite rivière soudainement d’humeur tempétueuse. Par dizaines, des familles sont en deuil. On croirait voir un film d’horreur, et pourtant le scénario catastrophe est réel. Il se passe même près de chez nous, voire s’invite avec fracas au cœur de notre espace de vie. En quelques secondes, des années de labeur, d’investissements, de souvenirs et d’émotions, de week-ends à aménager son intérieur sont balayées par les flots. Les gens pleurent, les gens s’affolent, les gens s’entraident aussi, mais soyons sérieux un instant : rien de tout ça n’est franchement surprenant[1]. Car nous étions prévenus...

[1] Selon l’agence Belga, près d'un demi-million de personnes ont été tuées lors d'événements météo extrêmes en 20 ans, une info publiée le 25 janvier 2021.