Il y a exactement un an, les troupes russes envahissaient l’Ukraine. Cette guerre constitue déjà un drame total, comme toute guerre. Mais, le conflit s’éternisant, les risques de le voir dégénérer en troisième guerre mondiale se font chaque jour un peu plus grands. Bien que cette guerre, comme toute guerre, est un phénomène très complexe, deux objectifs apparaissent essentiels et, dans le même temps, en partie contradictoires. Il s’agit tout d’abord de soutenir le peuple ukrainien et d’obliger l’envahisseur russe à se retirer du territoire ukrainien. Mais il faut également empêcher toute escalade qui pourrait transformer ce conflit en une confrontation inter-impérialiste directe, ce qui serait catastrophique pour l’humanité et la planète.
Suite à cette guerre (et aux pratiques spéculatives prévisibles mais néanmoins inacceptables de la part des puissances financières économiques), le continent européen doit, plus que tout autre, faire face à une crise énergétique sans précédent, avec des conséquences très importantes dans toutes les sphères de la société.
En matière de crise énergétique, bien que certaines décisions et mesures prises par les responsables politiques à différents niveaux (européen, fédéral et régional) puissent être considérées comme positives, elles restent totalement insuffisantes pour résoudre durablement les défis auxquels il faut faire face :
- Même si les prix du gaz et de l’électricité ont fortement diminué ces dernières semaines, ils restent relativement élevés et les factures demeurent impayables pour des centaines de milliers de ménages ;
- Alors que quelques grandes entreprises réalisent des bénéfices records, de nombreuses PME sont menacés, tout comme des milliers de travailleuses et travailleurs indépendants (les faillites ont augmenté de 42 % en 2022, mais le chiffre reste inférieur à ceux d’avant COVID) ;
- Si l’hiver 2022-2023 s’est déroulé sans problème majeur, il risque de ne pas en être de même l’hiver prochain : Moscou pourrait en effet totalement mettre fin à ses livraisons de gaz. Dans ce cas, même en augmentant au maximum les importations de GNL (gaz naturel liquéfié) , l’Europe ferait face à une pénurie d’environ 27 milliards de m³ en 2023[1], ce qui pourrait conduire à des mesures de rationnement dès le début de l’année 2024 ;
- La situation est semblable en ce qui concerne l’électricité : sur les 85 TWh[2] d’électricité consommés chaque année en Belgique, 35 TWh sont actuellement produits par le nucléaire. Dans le cas où on prolongerait deux réacteurs pour une durée de 10 ans, on conserve 14 TWh de nucléaire. Le déficit à combler resterait de 21 TWh. Les deux centrales au gaz naturel en construction pourraient produire 12 TWh maximum. Notre pays connaîtrait donc un manque de 9 TWh pour assurer la sécurité d’approvisionnement sans risque de délestage. Si la sortie complète du nucléaire devient réalité, le déficit serait de l’ordre de 23 TWh, au minimum.
Dans ce contexte, il est intéressant de faire le bilan de l’ensemble des mesures déjà prises, aux différents niveaux de pouvoir, afin de mettre en évidence leurs avantages et inconvénients respectifs. Les conclusions de ce travail de réflexion et d’analyse pourront alimenter le débat et la réflexion autour de la mise en place d’alternatives durables et socialement justes permettant de faire face aux défis énergétiques et environnementaux qui s’imposent à nous.
[1] Estimations réalisées par l’AIE (Agence Internationale de l’Energie)